Les doctorants, une précieuse source d'innovation pour le Trégor

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le 03.10.2022

Ce sont les chercheurs de demain, dans les champs de la photonique, de l’informatique, de la réalité virtuelle... Une centaine de doctorants investissent chaque année les labos de recherche rattachés aux établissements de l’enseignement supérieur de l’Agglo, qui les soutient en cofinançant six thèses par an, depuis 2012.

Une blouse blanche sur sa veste-tailleur, Mariia Hruzd raconte : elle n’avait jamais entendu parler de Lannion avant d’y débarquer en octobre 2019. Partie de Kiev un an plus tôt, elle a d’abord saisi l’opportunité d’effectuer un doctorat dans un laboratoire reconnu (l’Institut des sciences chimiques de Rennes, l’ISCR), rattaché à l’IUT. « Par rapport à l’Ukraine, on peut faire davantage d’expériences ici, et les thèses peuvent être financées », expose la chimiste de 25 ans.

Tous les ans, comme Mariia, des doctorants arrivent de toute la France, d’Europe, de Chine, des États-Unis, d’Afrique du nord... Pour intégrer les labos de recherche, dans l’Agglo de Lannion. Leurs spécialités ? La photonique, l’informatique, la réalité virtuelle, l’analyse de bases de données, l’intelligence artificielle des objets… Chacun poursuivant l’objectif d’aller le plus loin possible dans son domaine.

Pour attirer ces têtes chercheuses de demain, Lannion-Trégor Communauté et le Département des Côtes d’Armor cofinancent chacun six bourses doctorales par an avec la Région Bretagne, à hauteur de 105 000 €. Soit pour chaque collectivité, 17 500 € par an et par projet.
Ce qui équivaut, pour chaque doctorant, à un revenu stable pendant la durée de sa thèse, à savoir trois ou quatre ans en moyenne.

LTC a tout intérêt à accueillir ces jeunes, qui apportent une autre orientation aux travaux des équipes des laboratoires, davantage tournée vers la recherche fondamentale. C’est un moyen de dynamiser le territoire et de s’assurer que les labos sont suffisamment alimentés en sujets qui serviront la recherche et l'innovation de demain. Des sujets qui sont ensuite potentiellement valorisables en brevets, ou qui débouchent sur la création d’entreprises novatrices, par exemple. En outre, le territoire étant identifié comme Campus d’excellence numérique et photonique en France, cela contribue à garder ce statut.

Une association pour connecter les doctorants


Chaque année donc, une centaine de doctorants s’investissent dans des labos, éparpillés entre différentes structures… Sans forcément se connaître les uns les autres ! C’est ce qu’a constaté Arthur Hoarau, qui mène une thèse en informatique et intelligence artificielle : "En déplacement à côté de Tours l’hiver dernier, j’ai échangé avec des doctorants qui travaillaient à 200 mètres de moi à Lannion, sur les mêmes thématiques, assistaient aux mêmes événements… Et on ne s’était jamais rencontrés !" Il décide donc, pour y remédier, de cofonder l’association des doctorants de Lannion (ADL) en février 2022. L’ADL s’attache à organiser des rencontres entre doctorants « pour créer un brassage scientifique mais aussi rompre l’isolement » des jeunes chercheurs, détaille Arthur Hoarau, son président, tee-shirt noir et boucles brunes sur le front.

L’idée est également de les mettre en contact avec les collectivités et d’autres professionnels de la recherche privée et publique. Voire, de valoriser leurs compétences auprès de potentiels recruteurs sur le bassin d’emploi de Lannion. Autant d’objectifs visés lors de « la Journée des doctorants », qui a réuni tous les acteurs du secteur en juin dernier. Une journée qui devrait être renouvelée l’été prochain.
Cette initiative, LTC l’encourage fortement et la soutient, en cela qu’elle permet d’obtenir une vue d’ensemble sur le nombre de doctorants présents et leurs profils ; et de rendre le territoire encore plus attractif pour de jeunes têtes pensantes.

Ceux qui partent nourrissent aussi le territoire


L’un des enjeux est d’ailleurs de garder ces jeunes dans le secteur. Une fois leur soutenance passée, de nombreux thésards partent effectuer un post-doctorat dans d’autres villes, parfois à l’étranger.
Certains reviennent ensuite, d’autres entretiennent des liens, voire collaborent à distance avec les laboratoires lannionnais et continuent à nourrir la recherche sur le territoire.

D’autres encore, choisissent de rester. C’est le cas de Valentine Gaudillat, 27 ans et huit ans d’études après le Bac. Installée depuis six ans à Lannion, elle a obtenu son diplôme d’ingénieure en photonique à l’ENSSAT avant de démarrer une thèse avec l’Institut Foton. Aujourd’hui en troisième année, elle n’envisage pas de déménager, et aimerait être employée sur le plateau industriel lannionnais.
Membre de la toute jeune association des doctorants, elle y voit une ressource potentielle : "J’aimerais bien découvrir des entreprises que je ne connais pas encore, rencontrer d’anciens doctorants embauchés par les entreprises locales, pour qu’ils me conseillent… L’association peut m’aider à développer ces réseaux."

D’où l’intérêt qu’ont les collectivités à offrir plus de visibilité à cette nouvelle association. Elle peut en effet servir à orienter les futurs chercheurs vers des entreprises du territoire qui les embaucheront ou vers l’entrepreneuriat et la création de start-ups.

 

> Article à lire également dans le dernier numéro du T Lannion-Trégor (à feuilleter en ligne / à télécharger)

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